Corps et âme en raison
De l'intempérence,
Bas ventre, intestins,
La Moelle : les Os, les chairs, la semence universelle,
La tête,
Formation de la moelle,
..des os, (reçette),
Squelette, articulations, nerfs, chairs en raison et en lien à l'âme,
La chair,
Les nerfs,
L'intelligence inversement proportionnelle à l'épaisseur...


 

De l'intempérence,

Maintenant il faut poursuivre de la même façon la suite de notre sujet, c’est-à-dire la formation du reste du corps.

Voici d’après quel raisonnement il conviendrait surtout de l’expliquer.
Les auteurs de notre espèce avaient prévu quelle serait notre intempérance à l’égard du boire et du manger et que, par gourmandise, nous consommerions beaucoup plus que la mesure et le besoin ne l’exigeraient. p158

 

Bas ventre, intestins,

Aussi, pour éviter que les maladies ne détruisissent rapidement la race mortelle et qu’elle ne finît tout de suite, avant d’atteindre sa perfection,
les dieux prévoyants disposèrent ce qu’on appelle le bas-ventre pour servir de réceptacle au surplus de la boisson et de la nourriture, et ils y enroulèrent les intestins sur eux-mêmes, de peur que la nourriture, en passant rapidement, ne forçât le corps à réclamer rapidement aussi d’autres aliments, et, le rendant insatiable, n’empêchât toute l’espèce humaine de cultiver la philosophie et les muses et d’obéir à la partie la plus divine qui soit en nous.

La Moelle : les Os, les chairs, la semence universelle

Pour les os, les chairs et toutes les substances de cette sorte, voici comment les choses se passèrent.

Toutes ont leur origine dans la génération de la moelle ;

car c’est dans la moelle que les liens de la vie, puisque l’âme est liée au corps, ont été fixés et ont enraciné la race mortelle ;

mais la moelle elle-même a été engendrée d’autres éléments.

Dieu prit les triangles primitifs réguliers et polis, qui étaient les plus propres à produire avec exactitude le feu, l’eau, l’air et la terre ;

il sépara chacun d’eux de son propre genre, les mêla les uns aux autres en due proportion, et en fit la moelle,

préparant ainsi la semence universelle de toute espèce mortelle.

Puis il y implanta et y attacha les diverses espèces d’âmes, et au moment même de cette répartition originelle, il divisa la moelle elle-même en autant de sortes de figures que chaque espèce devait en recevoir. p159.

 

La tête

Une partie devait, comme un champ fertile, recevoir en elle la semence divine ; il la fit exactement ronde et il donna à cette partie de la moelle le nom d’encéphale, dans la pensée que, lorsque chaque animal serait achevé, le vase qui la contiendrait serait la tête.

Formation de la moelle

L’autre partie, qui devait contenir l’élément mortel de l’âme, il la divisa en figures à la fois rondes et allongées et il les désigna toutes sous le nom de moelle.
Il y attacha, comme à des ancres, les liens de l’âme entière, puis construisit l’ensemble de notre corps autour de la moelle,
qu’il avait au préalable enveloppée tout entière d’un tégument osseux.

Formation...des os, (reçette),

Il composa les os de cette façon :

1) ayant passé au crible de la terre pure et lisse,
2) il la délaya
3) et la mouilla avec de la moelle,
4) puis la mit au feu,
5) ensuite la plongea dans l’eau,
6) et derechef la remit au feu,
7) puis dans l’eau,
8) et, la faisant passer ainsi à plusieurs reprises dans l’un et l’autre élément, la rendit insoluble à tous les deux.

Alors il s’en servit pour façonner autour du cerveau de l’animal une sphère osseuse, dans laquelle il laissa une étroite ouverture.

Puis, autour de la moelle du cou et du dos,
il façonna des vertèbres, qu’il fixa pour la soutenir, comme des pivots, à partir de la tête jusqu’à l’extrémité du tronc.

 

Squelette, articulations, nerfs, chairs en raison et en lien à l'âme

Ainsi, pour protéger toute la semence, il l’enferma dans une enveloppe pierreuse, à laquelle il mit des articulations, utilisant en cela la nature de l’Autre, comme une puissance insérée entre elles, pour permettre les mouvements et les flexions. p160

 

Considérant d’autre part que la contexture de la substance osseuse était plus sèche et plus raide qu’il ne convenait et aussi que, si elle devenait très chaude ou au contraire se refroidissait, elle se carierait et corromprait vite la semence qu’elle contient,

pour ces raisons, il imagina l’espèce des nerfs et de la chair, de manière qu’en liant tous les membres ensemble avec les nerfs qui se tendent et se relâchent autour de leurs pivots, il rendît le corps flexible et extensible,

La chair

tandis que la chair devait être un rempart contre la chaleur et une protection contre le froid, et aussi contre les chutes,
parce qu’elle cède au choc des corps mollement et doucement, à la façon d’un vêtement rembourré de feutre.
De plus, comme elle contient en elle une humeur chaude, elle devait en été, en transpirant et se répandant au-dehors, procurer à tout le corps une fraîcheur naturelle, et, au rebours, pendant l’hiver, le défendre suffisamment, grâce à son feu, contre le froid qui l’assaille du dehors et l’enveloppe.


C’est dans cette intention que celui qui nous modela, ayant fait un harmonieux mélange d’eau, de feu et de terre, y ajouta un levain formé d’acide et de sel, et composa ainsi la chair, qui est molle et pleine de suc.

Les nerfs

Pour les nerfs, il les composa d’un mélange d’os et de chair sans levain, tirant de ces deux substances une seule substance intermédiaire en qualité, et il se servit de la couleur jaune pour la colorer. p161

De là vient que les nerfs sont d’une nature plus ferme et plus visqueuse que les chairs et plus molle et plus flexible que les os.

Dieu s’en servit pour envelopper les os et la moelle, liant les os l’un à l’autre au moyen des nerfs, puis il recouvrit le tout d’une enveloppe de chairs.

À ceux des os qui renfermaient le plus d’âme il donna la plus mince enveloppe de chair et à ceux qui en contenaient le moins, l’enveloppe la plus ample et la plus épaisse.

En outre, aux jointures des os, là où la raison ne montrait pas quelque nécessité de placer beaucoup de chair, il en fit pousser peu, de peur qu’elle ne gênât la flexion des membres et n’appesantît le corps en lui rendant le mouvement difficile.
Il avait encore un autre motif : c’est que les chairs abondantes, éparses et fortement tassées les unes sur les autres, auraient par leur rigidité rendu le corps insensible, affaibli la mémoire et paralysé l’intelligence.

L'intelligence inversement proportionnelle à l'épaisseur...

Voilà pourquoi les cuisses et les jambes, la région des hanches, les os du bras et de l’avant-bras et tous nos autres os qui n’ont pas d’articulations, et aussi tous les os intérieurs qui, renfermant peu d’âme dans leur moelle, sont vides d’intelligence, tous ces os ont été amplement garnis de chairs ; ceux, au contraire, qui renferment de l’intelligence, l’ont été plus parcimonieusement, sauf lorsque Dieu a formé quelque masse de chair pour être par elle-même un organe de sensation, par exemple l’espèce de la langue ; mais, en général, il en est ce que nous avons dit. p162


Car la substance qui naît et se développe en vertu de la nécessité n’admet en aucune façon la coexistence d’une vive sensibilité et d’os épais et de chair abondante.

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